mardi 28 janvier 2014

On dirait une blague : Stephen SMITH, l’auteur de « Négrologie, l’Afrique se meurt », conseille Euronews pour la création d’une chaîne d’infos panafricaine à Brazzaville.




Voilà qui est étonnant !... "L'Afrique est un Ubuland sans frontières, terre de massacres, de famine, mouroir de tous les espoirs". Stephen SMITH, dans son livre "Négrologie, pourquoi l'Afrique se meurt". Editions Calmann - Lévy, 2003.  Il est journaliste, connu pour être un spécialiste du continent noir. Il a été responsable Afrique dans les journaux français, Libération (1988 – 2000) et Le Monde (2000 – 2005). Quand vous lisez ce livre, même si vous n'avez pas la fibre africaine, vous êtes heurté par tant de raccourcis, d'approximations et de caricatures qui appuient l’argumentation de l’auteur. Une  relation  de faits essentiellement négatifs,  bien que réels, qui vous donne l’impression qu’il n’y a rien de positif, vraiment rien,   dans cette Afrique. Sans doute, il lui fallait asseoir son argumentation sur ces faits négatifs pour convaincre.  C'est un livre afro - pessimiste pour ne pas utiliser de grands mots... D’ailleurs, une levée de boucliers dans la communauté africaine de France et auprès d'intellectuels, qui sont pourtant sans complaisance avec les régimes africains,  avait suivi la sortie de ce livre. Comme l'ouvrage " Négrophobie" de Boubacar Boris Diop, Odile Tobner et François-Xavier Verschave.

A travers son livre, l'auteur disait vouloir mettre fin à une hypocrisie : " celle des occidentaux (...) qui ne disent pas la vérité aux africains qu’ils savent pourtant condamnés et celle des africains, bien conscients de leurs limites, mais qui juchés sur leur "dignité d’homme noir et, en cela, aussi racistes que l’ont été certains colons, rejettent toute critique radicale pour ne pas perdre la pension alimentaire qu’ils tirent de la coulpe de l’Occident." Appréciez au passage la haute opinion qu'il a, des africains !

Je vous passe certains détails des chapitres sur  la " fainéantise congénitale des Africains ", sur ces "Africains qui se plaignent toujours de l’esclavage " ; sur la " décolonisation qui a fait du mal aux pays d’Afrique que les Africains sont incapables de gérer " ; sur " ces Africains qui sont culturellement violents, agressifs », etc.

Et pourtant, que lis -t-on, que vois-t-on depuis samedi 25 janvier 2014 ? Le même journaliste, agissant comme conseil et grand connaisseur de l'Afrique, est à Brazzaville, au Congo - Regardez la photo où il est en train de s'exprimer-, accompagnant le président du directoire d'Euronews pour la signature d'un partenariat avec la télévision nationale congolaise. Un partenariat qui scelle la création dans 18 mois d'une chaîne d’infos panafricaine, baptisée Africanews, basée à Brazzaville. Peut-être que le journaliste a changé, qu'il a évolué, qu'il a désormais une autre opinion de cette Afrique, eu égard aux articles et autres écrits publiés dans Libération, Le Monde ou sur d’autres supports ?  Lui le pourfendeur de l'Afrique, l’afro-pessimiste non assumé,  est-il aujourd'hui apte à voir ce qui va dans le bon sens dans cette Afrique ? Je me demande s'il est gardé à Africanews, comment il fera pour travailler avec des gens qui ont "une fainéantise congénitale" ? Peut-il être considéré comme un gage d’impartialité ? 

Espérant qu'à l’avenir, Africanews saura choisir ces "grands connaisseurs de l'Afrique", pour définir sa ligne éditoriale. Sinon, ils seront nombreux, les africains à être réservé sur la ligne éditoriale de cette chaîne d’infos, toute nouvelle.