samedi 4 octobre 2014

Encore des contre-vérités sur les zones économiques spéciales (ZES) du Congo !


J’ai lu avec beaucoup d’attention un article qui trône sur certains sites congolais d’informations et sur Facebook. Il est intitulé « Les zones économiques spéciales (ZES), ya nzala », écrit par Djess Dia MOUNGOUANSI. Voir le lien ci -après, http://congo-liberty.com/?p=10197. Quelle déception ! L’article aligne des approximations et des contre-vérités. L’auteur s’appuie sur le rapport du Fmi (Fonds monétaire international) pour étayer son analyse. C’est l’art de faire dire à un rapport ce qu’il n’a pas dit. 

Dans le cadre du débat, il est normal que des personnes s’interrogent légitimement sur les ZES.  Sauf qu’il y en a d’autres, parce qu’elles sont dans le combat politique, qui alimentent inutilement le bruit médiatique en écrivant des articles inexacts et mal renseignés. L’auteur de l’article cité précédemment est de ceux là. Il se trouve que je connais un rayon du processus de mise en place des ZES, puisque je travaille au cabinet du ministère en charge de ce dossier sous l’autorité du Ministre Alain AKOUALA ATIPAULT, j'apporte des éléments correctifs à cet article de presse.

Voici la partie du rapport du Fmi sur le Congo Brazzaville, publié en septembre 2014, où il est  longuement fait mention des ZES : « Le gouvernement  fait des efforts pour créer l’emploi et diversifier l’économie en créant quatre ZES. Le cadre légal chargé de la gouvernance des zones n’est pas encore finalisé. Mais le budget 2014 prévoit un régime préférentiel pour les ZES. Etant donné la base fiscale étroite et la forte dépendance sur les revenus pétroliers, des contrôles stricts devaient être mis en place pour éviter l’abus de ce régime fiscal favorable. Le FMI encourage les autorités a limité la prolifération des exonérations et des avantages fiscaux dans les ZES. (...). Les autorités reconnaissent le manque de recettes fiscales pour l’état à court terme, mais cela sera compensé par la création d’emplois, la création des richesses et l’industrialisation à long terme ». 

Florilège d’approximations et de contre-vérités.
Après avoir lu ces lignes, on est donc surpris par les interprétations fantaisistes et polémiques sur les ZES auxquelles on assiste. C’était  le cas avec « La lettre du continent » dans sa parution du 10 septembre 2014. L’auteur du fameux article, « les zones économiques spéciales, ya nzala »,  fait dans le même registre, en faisant dire au rapport du Fmi ce qu’il n’a pas dit. Voici quelques approximations  et contre-vérités que nous relevons pour  la clarté du débat. 

L’auteur affirme dans ce qui semble être l’argument le plus solide de son analyse : « Contre toute attente, la principale ZES, celle de Brazzaville sera plus une source de perte de revenu par l’accès des entreprises qui y seront installées à des généreuses exonérations fiscales alors qu’aucune compétitivité n’y est attendue de leur part. D’ailleurs, cette ZES ne générera aucune entrée en devises puisqu’elle impliquera exclusivement les entreprises produisant pour le marché intérieur plutôt que pour le marché de l’exportation ».  C’est une vue de l’esprit. Il n’y a pas de fiscalité spécifique pour la ZES de Brazzaville, ni pour une autre zone. Si l’auteur avait l’effort de consulter la loi des finances 2014 de son pays, il se serait aperçu que le code général des impôts a intégré des dispositions nouvelles sur la fiscalité dans les ZES. Il n'y a pas d'exonérations fiscales généreuses, ni dans l'avant projet de loi régissant le régime de zone économique spéciale au Congo. Ensuite, il n’est écrit et il n’a été dit nulle part, que la ZES de Brazzaville « impliquera exclusivement les entreprises produisant pour le marché intérieur plutôt que pour le marché de l’exportation ».
 
Il est écrit aussi dans le même papier : « D’après le rapport d’étape du FMI, deux des quatre ZES, notamment celle d’Oyo-Ollombo et celle de Ouesso ne seraient pas viables (1). En plus les contraintes qui ont entravé l’économie congolaise depuis des décennies ; sont toujours d’actualité dans ces régions. Ces deux ZES seraient très éloignées des grandes villes Brazzaville et Pointe-Noire selon le FMI ».  Comment le Fmi se tromperait-il à ce point ?  Aujourd'hui, n'est ce pas Ouesso qui est le pôle économique et industriel important dans le cadre de l'activité forestière et agricole ? Cela grâce à des capitaux étrangers, ce qui traduit déjà une certaine attractivité. Pourquoi la ZES de cette ville ne serait pas viable ? Et puis, Oyo – Ollombo et Ouesso sont elles encore « éloignées » quand il y a une route bitumée qui les relie à Brazzaville, et bientôt à Pointe- Noire, demain ? L’auteur de l’article ne sait peut-être pas qu’aujourd’hui, on peut partir  de Brazzaville jusqu’au pont de la Mambili, à 199 Kms d’Ouesso, sur une route bitumée.  Ces derniers kilomètres pour atteindre Ouesso sont en construction. Les agriculteurs et les hommes d'affaires camerounais, plus dynamiques, eux ne s’y sont pas trompés. Ils utilisent déjà cette route pour évacuer plus facilement une partie de leur production vers Brazzaville, Pointe-Noire, la zone CEMAC... L’argument de l’éloignement des ZES d’Oyo – Ollombo et d’Ouesso ne tient donc pas une seconde. A la vérité, ce type de critique révèle plutôt l’esprit étriqué de ceux qui continuent à penser le Congo en termes de nord et de sud. 

Le travail préparatoire sur les ZES est achevé.
Une autre approximation : « Il faut aussi susciter des repreneurs locaux en promouvant l’actionnariat populaire afin de contribuer à l’émergence d’un capital privé national ». L’auteur a osé faire une proposition, mais elle ne résiste pas à la réalité des faits. Comment des particuliers, qui dans leur majorité ont de faibles revenus ; les fonctionnaires, les salariés du privé et les petits commerçants; peuvent-il entrer au capital des entreprises ? Surtout que les banques locales, toutes privées, se refusent à financer les PMEs. C’est cela l’actionnariat populaire. On perçoit bien la critique qui est faite au ministre en charge des ZES, de compter d’abord sur les investisseurs étrangers pour asseoir les zones. Mais comment faire autrement si le Congo Brazzaville ne dispose pas de vrais capitaines d’industrie ? La composante la plus dynamique de l’investissement privé est à l’extérieur. Il faut donc l’intéresser afin de s’appuyer sur elle pour promouvoir un secteur privé national dynamique par le biais des ZES.

On aurait pu continuer à égrener d'autres approximations sur les ZES, véhiculées dans le fameux article. Cela n’a plus beaucoup d’importance. L’article est vide de sens. Le seul but de celui-ci est de faire le buzz sur Internet, pour faire parler de son auteur. « La critique est aisée, mais l’art est difficile ».  Le Ministre des zones économiques spéciales ne vit pas sur la planète mars. Il connait qu'il y a des difficultés (électricité, télécommunication) qu'il faut corriger pour avancer. Est ce pour autant, des raisons pour croiser les bras et décrédibiliser le processus de mise en route des ZES ? Ou bien, faut-il attendre que tout soit parfait pour penser à sortir de la dépendance du pétrole ? Aujourd'hui, avec ces faiblesses, des partenaires sérieux intéressés par les ZES ont signé des accords avec le Congo. C'est le cas de la Chine pour l'installation d'une zone commerciale sino -congolaise dans les ZES de Pointe-Noire et d'Oyo Ollombo. 

En définitive, il faut savoir que le travail préparatoire au lancement des ZES a été accompli. Tout a été fait. Le cadre juridique et légal est prêt. Il attend d’être inscrit au rôle du conseil des ministres. Les études de faisabilité des zones sont terminées. Les accords de partenariat avec l’Ile Maurice ont été conclus et ratifié par le parlement, pour l'implantation d'hommes d'affaires mauriciens. L'intérêt des investisseurs se manifeste encore, qu'ils s'agisse des hommes d'affaires de Singapour, d'Allemagne, du Maroc, etc. La liste des actions accomplies n'est pas exhaustive... Le Fmi n’a pas trouvé grand-chose à redire là dessus. Il conseille juste de ne pas trop accorder "d'incitations fiscales préférentielles". On peut donc dire qu' Alain AKOUALA ATIPAULT a fait le travail, pour poser les bases des ZES.      

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