samedi 26 mars 2011

Kinshasa a rappelé son ambassadeur en poste à Brazzaville.


Pourquoi le gouvernement de la république démocratique du Congo (RDC) renouvelle t-il, avec des mots à peine couverts, ses accusations contre celui du Congo-Brazzaville voisin, dans l'attaque du 27 février 2011 à Kinshasa ? Des accusations selon lesquelles, le Congo - Brazzaville aurait quelque chose à se reprocher dans l'attaque perpétrée contre la résidence de Joseph KABILA, le président de la RDC. " Il y a des réponses que nous attendons (de la part du Congo), qui tardent à venir. Ce sont des questions générales liées aux conditions de sécurité aux frontières, par rapport aux événements du 27 février 2011", a précisé à l'AFP (agence France presse), Lambert MENDE, ministre de la communication et porte parole du gouvernement de la RDC.

Un rappel des faits. Dimanche 27 février 2011 vers 13h, plusieurs dizaines d'assaillants avaient attaqué la résidence du président Joseph KABILA dans le quartier de la Gombé, au centre ville de Kinshasa. Le coup de force avait échoué face à la résistance de sa garde. Bilan : onze assaillants et huit soldats de la garde présidentielle tués, des centaines de personnes arrêtées. Dès le lendemain, certains médias de la presse de Kinshasa, peut-être aiguillonés par leurs autorités, ont commencé à accuser le Congo - Brazzaville, affirmant notamment que certains des assaillants seraient venus de Brazzaville, qui n'est qu'à 15 minutes de traversée du fleuve Congo.

Cette situation a rapidement refroidi les relations entre les deux capitales, même si du côté de Brazzaville, par sagesse, les autorités n'avaient pas répondu à ces accusations. Ce 26 Mars 2011, on a appris par voie de presse que "l'ambassadeur de la RDC à Brazzaville a été rappelé avec effet immédiat". C'est la confirmation que du côté des autorités de la RDC, la tension est montée d'un cran. Ils renouvellent leurs accusations contre leurs voisins les plus proches. Du côté de Brazzaville, il n'y a toujours pas de réaction. Mais, je pense que cette fois-ci, les autorités seront bien obligés de prendre la parole, au moins pour répondre à ces accusations.

Sans préjuger de cette réponse du gouvernement de Brazzaville, on peut quand même s'interroger sur le sérieux et la réalité des accusations du gouvernement de la RDC. Quel intérêt pourrait avoir les autorités du Congo - Brazzaville en facilitant le chaos et le désordre à Kinshasa, si un coup d'état avec mort du président élu y était perpétré ? Il me semble difficile, même quand on accuse ce gouvernement de tous les maux, de trouver en quoi cela pourrait lui profiter. Il y aura un exode massif, voire un déferlement des populations kinoises vers Brazzaville. Ce que la capitale du Congo-Brazzaville ne pourra pas supporter. La ville de Kinshasa compte près de 10 millions d'habitants. Celle de Brazzaville compte environ 1,4 million d'habitants dont au moins 25% de ressortissants de la RDC, qu'elle a du mal à contenir, faute de structures, de logements, d'emplois ou d'activités suffisantes. Imaginez donc ce que ce sera, si seulement 10% de la population de Kinshasa (un million de personnes), du fait de l'instabilité dans leur ville capitale, émigrent de l'autre côté du fleuve ? Il paraît donc peut probable que Brazzaville, décide comme cela, de faciliter la vie ou le passage d'un quelconque commando, dont la mission est de perpétrer un coup de force à Kinshasa.

L'histoire des relations entre les deux capitales est émaillée de crispations et de tensions, liées aux questions de réfugiés "politiques". De tout temps, des personnalités de la RDC en délicatesse avec les autorités de leur pays, ont souvent trouvé refuge de l'autre côté du fleuve. Et inversement. La facilité avec laquelle on peut traverver les 1500 kms de frontière fluviale et terrestre entre les deux pays, en est la cause. Il y a même eu des précédents facheux. L'histoire semble se répéter encore. Deux personnes, auteures d'actions insurrectionnelles en 2009 et en 2010 en RDC, se sont enfuis du côté de la république du Congo-Brazzaville : le chef tribal ONDJANI "Mangbana" et le général Faustin MUNENE, ancien chef d'état major de l'amée de l'air. Elles ont été arrêtés par les autorités de Brazzaville. Elles sont en détention, elles ne sont donc pas libres de leur mouvement. Le gouvernement de Kinshasa s'obstine à demander leur extradition. Ce que le gouvernement de Brazzaville refuse. Le président de la république, Denis SASSOU NGUESSO, s'y est opposé dans des termes très claires dans une interview récente à l'hebdomadaire Jeune Afrique: "En 1968, souvenez-vous, le chef rebelle Pierre MULELE, ancien ministre de LUMUMBA, s'était réfugié à Brazzaville à sa sortie des maquis. Le président MOBUTU nous avait aussitôt dépêché son ministre des affaires étrangères munis de toutes les garanties possibles quant au sort qui lui serait réservé. Pierre MULELE lui avait été remis. Trois jours plus tard, il était éxécuté à Kinshasa. Nous nous sommes promis de ne plus jamais nous tromper de la sorte. Cette position est toujours la notre aujourd'hui. "

Le raccourci est donc facile pour beaucoup de personnes, y compris des personnes compétentes, de laisser croire que les assaillants de l'attaque du 27 février 2011, sont des hommes du fameux général Faustin MUNENE. Ce qui paraît difficile à admettre, pour plusieurs raisons.

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