mercredi 23 février 2011

Que faire encore pour sauver la Côte d'ivoire du naufrage ?





On en parle plus assez dans les médias. Même sur les forums - internet où la discussion était souvent vive, l'actualité de la Côte d'ivoire semble avoir disparu des écrans radars de l'actualité. Les révoltes populaires de Tunisie, d'Egypte et surtout celle plus sanglante qui se déroule actuellement en Libye occupent les médias dans leur ensemble. On ne peut le reprocher à quiconque, c'est la dure loi du traitement de l'information: On s'occupe d'abord de l'actu à chaud. Et comme du côté d'Abidjan, c'est l'enlisement, les caméras et les envoyés spéciaux des grands organes de presse sont partis.

On ne parle donc plus assez de la Côte d'ivoire. Et pourtant, ce pays se rapproche petit à petit du naufrage. Au regard des événements des derniers jours, on est en droit en tant qu'ivoiriens et africains de bon sens, de s'en inquiéter. La crise s'aggrave, les violences se multiplient, proportionnellement à l'intransigeance des deux camps. Les populations fuient les zones de violences (voir photo n°2). Ni Alassane OUATTARA, ni Laurent GBAGBO, les deux hommes qui se réclament président de la république, ne semble donner le sentiment de vouloir une sortie de crise pour sauver leur pays. Les nombreuses personnes mortes, le blocage du pays, l'insécurité grandissante et la guerre qui approche, ne semblent pas les émouvoir. Ils campent sur leur position.

La dernière médiation, celle des quatre chefs d'état mandatés par l'union africaine semble avoir échoué ce 23 février 2011 à Abidjan. Le président burkinabé, Blaise COMPAORE, n'ayant pas fait le déplacement; le camp GBAGBO l'ayant déclaré "persona non grata" à cause de sa proximité supposée avec les ex-rebelles des forces nouvelles, soutiens affichés d'Alassane OUATTARA. Ce sont donc Jakaya KIKWETE (Tanzanie), Jacob ZUMA (Afrique du sud), Idriss DEBY ITNO (Tchad) et Mohamed Ould ABEL AZIZ (Mauritanie), accompagnés du président de la commission de l'union africaine, Jean PING, qui se sont rendus en Côte d'Ivoire. Ils n'ont pas réussi à obtenir la moindre avancée. Devant la difficulté de la tâche, ils ont avancé deux solutions, qui peut-être ne sont pas les meilleures. Mais elles pouvaient aider à sortir de la crise. Les quatre chefs d'état ont proposé l'organisation de nouvelles élections (particulièrement un nouveau second tour), mais les deux rivaux ont rejetté l'idée. Ensuite, ils ont alors suggéré un partage du pouvoir : l'un des deux hommes pourrait être président et l'autre vice président pendant deux ans, puis ils échangeraient les rôles. Là aussi, il semble que ni Alassane OUATTARA, ni Laurent GBAGBO, n'a accepté. Les médiateurs sont donc repartis, sans faire la moindre déclaration. Les deux rivaux ont donc acté, sans le dire clairement, le fait qu'il faut passer à un autre type de confrontation pour trouver des solutions. C'est cela qui est désespérant. Comment des gens aussi instruits, des hommes d'état, à l'abri du besoin financier pour eux et leur progéniture, peuvent-ils décider de bloquer leur pays, de créer les conditions de pertes de vies humaines, de démolir la vie et l'avenir du bas peuple, qui peine à se nourrir ou à se soigner ?

Tout en déplorant les ingérences illégitimes et maladroites des états occidentaux et les pièges légalement mis en place par les deux parties (organisation des élections et proclamation des résulats par la commission électorale, validation définitive de ceux-ci par la cour constitutionelle), il faut avouer que le refus de Laurent GBAGBO, perdant objectif de l'élection présidentielle, de quitter le pouvoir sera lourd de sens. Il ne faudrait pas que l'on soit surpris demain, que dans d'autres pays africains, on voit le perdant d'une élection refuser de quitter le pouvoir en se servant de tous les prétextes et de conduire ainsi son pays vers le naufrage. Les tenants de l'afro-pessimisme, de quelque origine qu'ils soient, se sentent ainsi confortés.

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