vendredi 25 février 2011

Vent de révoltes populaires : A qui le tour ?



Que dire du vent de révoltes populaires qui souffle sur les pays du maghreb et du moyen-orient? C'est une respiration démocratique, une bouffée d'oxygène pour les peuples. On ne peut que saluer cette aspiration à plus de démocratie, à de meilleures conditions de vie et à un meilleur partage des richesses. En espérant que cela emmène un vrai changement et ne laisse pas le chaos s'installer.



Après la chute des régimes du président BEN ALI (Tunisie), Hosni MOUBARAK (Egypte) et celle très probable de Mouammar KADHAFI (Libye), beaucoup d'observateurs ont le regard tourné vers l'Afrique subsaharienne, à la recherche du pays où la contagion de ce vent de révolte est possible. Ces derniers s'interrogent : A qui le tour ? Ils scrutent les pays ou les régions, où cette révolte peut rapidement trouver un débouché. Certains de ces observateurs s'avancent même pour faire des comparaisons avec les pays cités précédemment et concluent que très bientôt, tel régime va s'écrouler. Sûrs de leur jugement, ils affirment, écrivent ici et là : " Tel président est très inquiet; il aurait réuni son staff nuitamment pour se tenir prêt à toute éventualité. Il prend même des mesures urgentes pour étouffer la contestation qui couve déjà, etc. ". Il est fort probable que ce soient les opposants à ces gouvernements, les moralistes et ceux qui sont abonnés à la critique, j'allais dire la critique facile, qui se livrent à ce type d'analyse. En fait, ils veulent voir se réaliser rapidement la chute de ces régimes, qu'ils oublient parfois de regarder objectivement les choses.


L'une des régions qui est regardée est l'Afrique centrale. Ce n'est pas un hasard. La présence de richesses importantes dans le sous-sol n'y est pas étrangère. En plus, les présidents des pays francophones de cette zone comme Denis SASSOU NGUESSO (Congo Brazzaville), Théodoro OBIANG NGUEMA (Guinée équatoriale), Ali BONGO (Gabon), Paul Biya (Cameroun) et Joseph KABILA (république démocratique du Congo), n'ont pas que des amis. Ils ont contre eux une coalition d'adversaires (opposants, créanciers, puissances intéressées pour le contrôle des richesses). Une partie importante de leur diaspora leur est hostile. Très attaqués, c'est tout naturellement que certaines personnes caressent le voeu de voir leurs régimes s'effondrer.

Comparons un peu ces pays d'Afrique centrale à l'Egypte, la Tunisie et la Libye. En ce qui concerne par exemple, les libertés et la démocratie. L'Egypte est un pays sous état d'urgence depuis 1967, au nom de la lutte contre le terrorisme. En Tunisie, aucune forme de liberté n'était accordé, le peuple était muselé, les militants associatifs et des droits de l'homme étaient emprisonnés. En Libye, ni liberté, ni démocratie, ni élection pluraliste, ni constitution, ni droit quelconque n'est concédé par le régime du colonel KADHAFI depuis 42 ans. Tout cela est loin d'être le cas dans les pays d'Afrique centrale. Les libertés (liberté de presse, de réunion et de manifestation) y sont plutôt garanties. L'exercice d'un minimum de pluralisme démocratique est réelle. Même si, ici et là, des partis d'opposition peinent à passer dans les médias d'état. Ce qui évidemment n'est pas acceptable. Ces quelques acquis sont le fruit du vent de la démocratie qui avait soufflé au début des années 1990 en Afrique subsaharienne, pas au maghreb. Par contre, ce vent n'a pas amélioré les conditions de vie des populations, d'accès à l'emploi des jeunes etc. C'est justement sur ces questions que l'attente est grande, que les populations attendent un avenir beaucoup plus meilleur. De ce point de vue, l'aspiration à de meilleures conditions de vie au maghreb est identique à celle des peuples d'Afrique subsaharienne.



En définitive, le vent de révolte populaire ne passera peut-être pas au sud du sahara à cause des petites avancées démocratiques existantes de ce côté du continent. Par contre, l'amélioration de la gouvernance publique et des conditions de vie, deviennent des éléments tests que la population va désormais scruter sans faillir. Le temps de l'action est donc véritablement arrivé.

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